SAINT DONAT
Par une agréable
journée de printemps, fleurs bourgeonnant, oiseaux pépiant et, neige
fondant, moi et Hugo, personnage grand, bâti et moins vieillissant, décidâmes
d’aller jouer au golf de St-Donat, au lendemain de son ouverture.
Le terrain étant
passablement trempé, la direction décida de laisser les karts au garage.
Point prévenu, j’ai dû emprunter un « pull-kart » que la maison m’offrit
gracieusement. Il y avait longtemps que j’avais marché un terrain de golf. Et
St-Donat est en montagne. Imaginer… Monter une côte en tirant un sac qui veut
seulement s’en aller en bas, j’arrive en haut essoufflé. Comme disait Hugo, on
se croyait au biathlon.
Arrête de pomper si tu veux frapper. Le premier 9 fut comme ça, difficile. Surtout lorsqu’enfin
terminé le trou, tu as une autre côte à monter pour le 9 ½, dont la vue, tel un
mirage dans le désert, te mets l’eau à la bouche. Tu arrives enfin à l’oasis et
par la fenêtre, les lumières voyantes et colorées du bar t’appellent.
Mais il y a une porte à franchir. Tu pogne
la pognée pour entrer. Tu te bats avec. Juron, ce n’est pas la bonne. Tu vas à
l’autre. Même bagarre, même juron. Comme si tu n’avais pas monté assez de
côtes, tu passes par l’étage inférieur pour remonter vers l’oasis; comme quoi
la soif rend plus forte tes jambes. La préposée du bar me dit que la porte
n’est pas barrée et qu’il fallait être un peu énergique pour l’ouvrir.
Et pour me le prouver, elle l’ouvre facilement
devant nous. J’ai eu l’air de Goliath devant David. Après notre soif et appétit assouvis, nous partîmes, reposés pour le prochain 9 trous. Rendu au 10è me, on
cherche désespérément un banc pour s’assoir afin de reprendre notre souffle. Le
repos fut de courte durée. Même 9 trous difficile et essoufflant. On arrive
enfin en haut à l’oasis de tantôt.
Pogne-la pogné. À
rouvre pas. Mets le pied contre le bord, force la pogné comme un damné. Un
nouveau juron suivi d’un autre, conjugué cette fois. Je sens mes forces
diminués. Pas capable. Repasse par en bas et la madame me dit qu’elle avait
barré la porte le temps d’une commission…
Un gros pichet d’eau
fut consommé, gracieuseté de la maison. La porte ne fut pas détruite.
Jacques Cyr